dimanche 22 avril 2012

47 « Disciplina gynophygia » ou comment expier ses péchés par la fessée

Je ne sais pas comment traduire gynophygia. Il semble s’agir d’un jeu de mot de chroniques hollandaises du 16ème siècle.  Je serais tentée d’y voir une construction à partir de « phagie (glouton)» et « pygie (fesse)».  

Compte tenu que mon extrait parle …de la fessée, je trouve édifiant de constater que chez pas mal de personnes l’intérêt pour cette pratique s’accompagne de jeux de mots.

La traduction allemande de Discipline gynophygia se résume à Tôchter der Zucht (Filles de la discipline)

Voici le texte traduit par moi et en version originale !

Cornelius Hadrien, né à Dortrecht, dans le sud de la Hollande, vers 1520, était admis après le noviciat habituel dans l'Ordre Franciscain. Puis envoyé comme professeur de théologie dans un couvent de cet ordre à Bruges, vers 1548. Doté d'une grande éloquence il devint rapidement célèbre, en particulier parmi les belles et pieuses dames de cette ville. N’étant pas insensible à la beauté, il prit beaucoup de plaisir à contempler les fidèles visiteuses de son confessionnal. Un écrivain contemporain le décrit ainsi :

"Déterminé, pour faire plaisir à ses ouailles et à lui-même, il établit  un ordre de dévotion tout à fait unique dans son genre.»

Les objectifs et le caractère de cette institution particulière apparaîtront par suite. 

Dans ses sermons, le frère Cornelius s’attardait volontairement sur le péché de la convoitise mondaine et ses conséquences, en réveillant par ses insinuations craintes et scrupules dans les esprits de ses auditrices, jusqu'à ce qu'elles recoururent tout naturellement à son confessionnal pour conseil et secours.

Frère Corneille avait déjà préparé la médicine nécessaire. Il conseilla à celles qui n'étaient ni jeunes ni particulièrement belles, de confesser leurs tentations avec diligence auprès de leur anciens confesseur, en vue d'obtenir l'absolution ; mais à celles qu'il souhait admettre dans son ordre, il dit:

«Etant donné que vous ne pouvez pas rester avec un tel poids de péchés et désirs à l’intérieur de vous, il faut les sanctionner par une punition venant de l’extérieur suivie d’une repentance. »

Elles s’engagèrent à faire tout ce qu'il leur imposât. D’abord il leur demanda un serment de garder le silence sur la nature de la pénitence à subir, parce que - selon lui – tout le monde ne pouvait pas comprendre ou apprécier ce genre de chose sans ternir la réputation de l’ordre.

Puis il établit comme règle principale que chaque membre de l’ordre était tenu de comparaître devant lui dans son confessionnal une fois par mois.

Une fois sur place, les dames devraient notamment lui avouer toutes leurs pensées, mots et actions impudiques, et ceci,  expliqua-t-il, ne pouvait être expié autrement que par un cours de discipline et pénitence secrète, appliquée et surveillée par lui-même. 

Pour recevoir correctement la discipline, il était indispensable pour les dames de se débarrasser d'une partie de leurs vêtements. Cela fait, elles lui remirent humblement une verge, pour qu’il châtiât leur chair de pécheresse. Comme convenu, il s’appliqua, très lentement et très doucement, en enchaînant sur l’efficacité de recevoir une fessée  dans son plus simple appareil.

L'ordre se réjouit d’une grande popularité auprès des jeunes filles, femmes mariées et veuves, et cette secte secrète gynophygia, comme les écrivains hollandais la nommèrent, dura pendant dix ans sans que jamais aucune  des fidèles n’émette le moindre soupçon de son inconvenance. 

Comblées, elles gardèrent le silence, croyant fermement à la piété de Cornelius, jusqu'à ce qu'un concours de circonstance portât ce style particulier de discipline aux yeux du grand public, ce qui conduit à la dissolution de l'ordre.

Cornelius Hadrien was born at Dortrecht, in South Holland, about the year 1520, and, after the usual novitiate, was admitted into the Franciscan order. He was settled as professor of theology in a convent of that order at Bruges towards the year 1548. He was possessed of great eloquence, and soon became famous, especially among the fair and pious ladies of that city. Cornelius being no stranger to the sense of beauty, had cast his eyes with pleasure upon the many devout visitors of his confessional.  

As a writer who was his contemporary expresses, "he determined, in order to enjoy them and himself, to establish an entirely unique devotional order among them." The objects and character of this peculiar institution will appear from the sequel. In his sermons, Brother Cornelius touched freely on the sin of worldly lusts and their consequences, and by his insinuations awakened fears and scruples in the breasts of his fair hearers, till they naturally resorted to the confessional for counsel and instruction. Brother Cornelius was prepared with the necessary medicine.

To those who were neither young nor particularly handsome, he prescribed that they should diligently confess their temptations to their former clergymen, in order to obtain from them absolution; but to those whom he wished to admit into his order he said, "In consideration that you cannot withstand such inward sins and desires, these must be chastened with an outward punishment and penance." They vowed to do all that he should impose upon them.  After binding them by an oath to keep secret the penance to be suffered, because mere men of the world could not understand or appreciate such matters, and would assuredly try to bring disgrace and contempt upon the order, he appointed them a rule, in conformity with which they were required to appear before him in the confessional every month.

Here they were to be particular in confessing to him all their unchaste thoughts, words, and actions, and these, he explained, could only be expiated by a course of private discipline and secret penance, applied and superintended by himself receive the discipline properly, it was necessary for them to divest themselves of a portion of their clothes.

This done, they humbly handed to him the rod, with which to chastise their sinful bodies. He accordingly did so, very slowly and very gently, enlarging at the same time on the efficacy of whipping, and the great benefit of receiving it in a primitive condition.

The order embraced maidens, married women, and widows, and this secret gynopigic sect, as the Dutch writers named it, lasted for ten years without any of the devotees ever entertaining the least suspicion of its impropriety. They remained quite tranquil and happy, firmly believing in the piety of Cornelius, until a circumstance brought his peculiar style of discipline before the public, and led to the dissolution of the order.

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