Mes
fessées, je précise !
Imaginons une coquette
étude à l'ancienne. Du savoir à perte de vu. Deux murs jusqu'au
plafond couverts de livres et comble de raffinement une échelle pour
accéder commodément aux endroits les plus inaccessibles.
Pourquoi
me demandes-tu tout le temps de te chercher des livres tout en haut,
chéri ?
Pour
pouvoir regarder sous ta jupe , isabelle !
Au moins c'est clair avec
mon homme et d'où mon plaisir de mes parer de jolis sous-vêtements.
D’où mon envie aussi d'oublier de plus en plus souvent ma culotte.
Comme c'est agréable de me savoir regardée par la personne qui
m'aime, de sentir ses yeux glisser le long de mes jambes et se perdre
sous mes petites jupes évasées. Nous sommes entre nous et la vie
est belle. Souvenirs de nos débuts, moi jeune « pomponette »
comme aime dire mon homme et lui le « nightrider »
en allusion à Mad Max, car Monsieur aime conduire jusqu'au bout de
la nuit. A la vitesse indiquée ! Quelle merveille. Alors il
m'embarque souvent pour ce voyage.
Imaginons dans cette étude
deux fauteuils qui permettent un vis à vis intime pour des
discussions profondes ... entre hommes. Voila donc le mien avec un
vieil ami érudit, philosophe, psychanalyste. Des discussions qui
vont loin. Alors pour donner envie à une dame de s'installer dans ce
cadre très « grand garçon » un superbe canapé qui
permet sans bouger la tête de regarder les messieurs. Et sur ce
canapé, moi en personne, débarrassée de mes chaussures, allongée
confortablement en me limant mes ongles ou en train de les vernir et
en écoutant d'une oreille distraite de ce qui se dit. Parfois il
m'arrive d'intervenir. Surtout quand j'ai l'impression que l'on
m'oublie trop.
Comment
trouvez-vous mon vernis ?
En fait, je suis en
compagnie de plus agréable que je puisse imaginer. Comparable à mon
papa adoré chéri, les deux hommes arrêtent aussitôt leur
discussion et tournent simultanément leur tête vers moi. Isabelle a
parlé et cela mérite attention. Des regards de plus bienveillants,
des hommes qui aiment les femmes, je veut dire qui se passionnent à
elles encore plus qu'à leur sciences.
Ouf.
C'est la moindre des choses.
J'aimais beaucoup ce vieux
monsieur qui ne fait malheureusement plus partie de ce monde. Il
avait une façon de me regarder qui relevait de l’émerveillent et
dès notre première rencontre je me suis sentie à l'aise en sa
présence.
De plus, vu ses
spécialités et sa ouverture d'esprit, sa finesse et de son humour,
j'ai pu me permettre quand il était de visite chez nous de rester
naturelle, veut dire dans un état permanent de séduction, de
provocation vestimentaire et dans mes attitudes. Un transfert de plus
caricatural. Et qu'est-ce cela fait du bien de pouvoir se lâcher en
bonne compagnie. Car ma jalousie ne connaît pas de limites.
Détourner l’intérêt de mon homme me transforme en Salomé qui
exige la tête du coupable. Sans le moindre état d'âme. Jeu
profondément malsain par son essence, mais quelle idées aussi de
d’aventurier sur mes terres.
Étant donné que ce
gentil messieurs me donnait des interprétations de mes
comportements, qu'il me choisissait pour ainsi dire comme sujet des
ses réflexions, il avait droit à un traitement de faveur. Et j'ai
mis en relief mon fantasme favori :
Détourner
par ma présence un érudit de ses études !
Narcissisme à l'état
pur, non seulement de chercher à être aimée, mais d'être aimée
dans la même mesure que je m'aime moi-même. Pour dire à quel point
alors. Narcissisme qui se nourrit du désir d'autrui et qui ne
cherche d'aucune façon un accomplissement du désir de l'autre.
Je
n'ai jamais autant compris l'enjeu du pacte de Faust avec le diable
qu'avec vous, isabelle !
(Va
s'y, prend ma pour une cruche. Tu vas voir où cela t'amène.)
Me voilà petite
emmerdeuse, pour déstabiliser cet adorable monsieur qui me cernait
dans le moindre détail, je servais au bout de deux ou trois
rencontres le café en jolie tenue de soubrette en poussant ma petite
dînette offerte par mon homme. Ma jupe étant très courte, je
faisait quand même attention de ne pas oublier la culotte. Par
contre je ne me privais pas de montrer en long et en large le hauts
de mes bas.
...z'êtes
ravissante comme d'habitude, isabelle !
Voila pour décevoir tout
de suite ce n'est jamais allé plus loin. Pas de claques sur mes
fesses, pas de correction cul nu devant notre invité. Cela aurait pu
être possible sans éprouver un malaise de ma part, mais non cela ne
s'est pas fait.
Toutefois il m'a vite
cernée :
...z'êtes
bien en phase avec le deuxième mouvement du fantasme de la
fustigation de chez Freud, isabelle ! Je parie que la
perspective d'une bonne correction vous mets des frissons.
Et après un pudique
rougissement de ma part, je suis passée aux aveux :
J'aime
beaucoup recevoir la fessée !
Sur
le popotin tout nu je suppose ?
Ah
bon ? On peut aussi recevoir la fessée sur sa culotte.
Ce monsieur étant
psychanalyste pratiquait celle que l'on appelle existentielle. Il
parlait avec brio de Sartre et de Heidegger, même si j'avais du mal
à suivre. Ce que j'aimais avec lui c'était sa grande patience pour
m'expliquer et ré-expliquer certaines choses.
Un jour les hommes
parlaient encore... de la fessée et de la poésie du coin. Alors
j'ai sauté sur l'occasion pour poser une question :
Justement
j'ai dû faire du coin hier....
Après
votre fessée du soir, isabelle ?
Mais
non, j'ai été punie parce que j'étais insolente...alors j'ai pensé
dans mon coin à ...Lacan et sa théorie sur ...la fessée. Qu'en
pensez-vous ?
Et là, il m'a répondue :
Je
ne sais pas trop quoi dire sur Lacan. Il se base sur Bergson, mais il
n'a visiblement pas compris la philosophie de Bergson car il part sur
une fausse piste.Cela fout mal de construire sur une fondation qui ne
tient pas.
Et il a enchaîne :
...faites
souvent du coin, isabelle ?
Bref j'ai été punie, une
fois de plus, cette fois-ci par mon propre narcissisme. Et mon homme
à été puni aussi car en fidèle serviteur de mon narcissisme, lui
aussi s'est passionné plus pour le coin que pour Lacan. Nous avons
jamais su la faille dans la pensée de Lacan.
Voila nous avons parlé
d'alchimie ce soir-là, celle qui opère dans le coin après ma
fessée et qui transforme les brûlures dans mon derrière en volupté
jubilatoire. De mon éducation pour me débarrasser de mes mauvaises
habitudes après mes punitions. De la libération de l’énergie
libidinale qui récompense la chasteté provisoire et qui permet
d’abattre un travail colossal, peu importe du domaine. Toujours
intéressant d'avoir l'avis d'un psy sur ces/ses fantasmes et
pratiques. Dans le sens d'un ami qui donne son opinion personnelle et
non pas dans le sens d'un père castrateur comme imaginent les
braves gens qui aiment expédier ceux qui ne suivent pas la même
voie libidinale qu'eux avec un bref :
Va
te faire soigner, ma pauvre fille.
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