Commençons
la semaine par une petite anecdote trouvée dans un livre datant de
1904 qui se veut en apparence sérieux.
L'étrange passion : La
flagellation dans les mœurs d'aujourd'hui, études et documents ;
par Pierre Guénolé.
Un lien pour consulter ce livre se
trouve à la fin de ce post.
J'ai choisi cet extrait pour une simple
raison : Il me paraît crédible selon mes propres expériences.
Non pas concernant les petites annonces, domaine dans laquelle je
suis parfaitement ignorante (étant célibataire mon meilleur
« terrain de chasse » était ...chez les traiteurs !),
mais concernant mes premiers pas sur le net. A cette époque on m'a
posé la question de la raison de ma présence sur un forum
spécialisé et étant pleinement sincère et ne me doutant de rien
j'avais répondu naivement :
Pour
parfaire mon français.
Et j'avais même ajouté :
...et
pour que l'on corrige mes fautes de grammaire et d'orthographe.
Alors j'ai eu bon nombre de
propositions d'une méthode d'enseignement
peu orthodoxe, mais en plein accord
avec le sujet traité sur ce forum. C'est là seulement que j'ai
compris à quel point la finesse du français me faisait défaut.
Me voila donc, me considérant parfois
en « méga cruche » à cause de mes bourdes
involontaires, bien consolée par le fait de lire les aventures d'une
consœur qui elle aussi met du temps pour comprendre. Voici son
histoire :
Leçons d'anglais par dame sévère
...un jour, il demanda à sa
maîtresse comment l'idée lui était venue de soumettre ses élèves
à une pareille discipline. Elle le lui avoua franchement. Ayant
passé plusieurs années comme professeur de français en Angleterre,
elle essaya, à son retour en France, de trouver des leçons
d'anglais à donner dans les pensions; n'en trouvant pas, elle fit
quelques annonces dans différents journaux.
Parmi les réponses qu'elle reçut,
plusieurs étaient rédigées en termes vagues dont le sens lui
échappa. Plusieurs messieurs qui vinrent la voir parurent très
embarrassés quand elle leur parla leçons et prix et qu'elle leur
montra l'agenda où elle notait ses heures et ses jours disponibles;
ils partirent, disant qu'ils reviendraient, mais elle ne les revit
jamais. Elle se creusait en vain la tête pour savoir ce que cela
signifiait, quand elle reçut une lettre rédigée en termes si crus
que la lumière commença à se faire dans son esprit. Elle parcourut
les petites annonces et, notant l'une qui lui parut bizarre, elle
écrivit à l'adresse indiquée pour se renseigner, et demanda si la
personne qui faisait l'annonce donnerait des leçons à une dame. Sa
lettre était rédigée un peu à double entente, mais la réponse ne
pouvait laisser subsister aucun doute : la signataire, en termes fort
précis, l'invitait à venir, lui affirmant qu'elle était d'une
inexorable sévérité et qu'elle saurait réprimer ses fautes, la
corriger d'une main ferme, etc., etc.
Quoique déjà
suffisamment édifiée, elle résolut d'aller jusqu'au bout et se
rendit à l'adresse indiquée. Elle fut reçue par deux dames : l'une
d'âge mur, d'allures très dignes ; l'autre beaucoup plus jeune.
Après une conversation au cours de laquelle elle joua admirablement
son rôle et qui lui fit connaître certains détails qu'elle
ignorait, les deux femmes lui infligèrent à plusieurs reprises la
punition réservée d'habitude aux toutes petites filles et
apportèrent dans cet exercice une véritable virtuosité.
En
quittant ces dames, Mlle X. était pleinement édifiée. Elle ne put
s'empêcher de faire la remarque que ses leçons lui donnaient
beaucoup de mal tout en lui rapportant à peine de quoi vivre et,
involontairement, elle songea que le genre de leçon qui lui avait
été donné était beaucoup plus lucratif. Dans cette disposition
d'esprit, elle menaça un beau jour, en plaisantant, une grande jeune
fille, à laquelle elle donnait des leçons, de la fouetter si elle
n'était pas plus attentive; celle-ci, entrant en plein dans le jeu,
la laissa tranquillement mettre sa menace à exécution. Enhardie par
cette tentative, elle fit la même menace à un monsieur de ses
élèves qui commettait toujours une faute qu'elle lui avait
plusieurs fois signalée; ce dernier lui ayant simplement répondu
qu'il y avait longtemps qu'elle aurait dû le corriger ainsi, Mme X.,
franchissant le Rubicon, lui octroya la fessée promise. Bref, ayant
procédé de même vis-à-vis de plusieurs élèves, n'agissant, bien
entendu, qu'avec circonspection, elle arriva à gagner beaucoup et
développa et conserva sa clientèle.
Source :
Bibliothèque
nationale
Cet ouvrage, bien qu'il s'en défende, ne serait-il pas un de ces ouvrages destinés plus à exciter le lecteur qu'à l'informer ? Pierre Guénolé semble avoir écrit plusieurs ouvrages sur la flagellation...
RépondreSupprimer(Se pourrait-il que ce Guénolé soit un des alias de l'écrivain Pierre Mac Orlan?)
Exciter les lecteur ? Certainement à mon avis. Ceci dit peut-être contient-il un fond d'authenticité. Pour ma part je manque de compétence pour en juger. Je ne saurais d'ailleurs vous dire si Guénolé est un autre pseudo de MacOrlan.
RépondreSupprimerJe suis tombée l'autre jour sur un livre de nouvelles de Guénolé. La, aucun doute, c'est la fessée distrayante et purement fictive.