A
chaque couple son romantisme, non ?
Le petit déjeuner, c'est sacré chez
nous. Des fruits, des céréales et des produits laitiers et plus
particulièrement du « bon fromage », expression
qu'affectionne mon chéri, comme base d’une alimentation saine.
J’en mange avec grand plaisir depuis que je vis avec lui. Pourtant
ce n’était pas du tout un acquis quand j'étais encore
célibataire. Notamment les fromages français, dits de caractère
qui dérangeaient sacrément mon odorat, élevé dans la pure
tradition allemande. Un à priori vraiment bête que j’ai dû vite
dépasser.
On
mange ce qu’on a dans l’assiette, isabelle.
Comme il sait bien me parler mon homme.
Même à table il réussit à me donner des frissons. Donc
effectivement, je ne savais pas de quoi je me privais. Idem pour les
fruits ! Et mon corps constate que c'est mieux que le café, les
cigarettes (je fumais beaucoup dans le temps) et le manque de
sommeil. Jusque là nous restons dans une discipline domestique de
bon sens dont un des piliers consiste à punir toute action nocive à
la santé. Certes, il semble quelque peu aberrant que de nos jours
une femme adulte reçoive une fessée parce qu'elle ne finit pas son
assiette. Mais ce fantasme n'est pas aussi rare que l'on ne
l'imagine. Pour ma part j'aime beaucoup que mon homme me propose une
journée structurée et encore plus qu'il surveille mes négligences.
Par conséquence chez nous, le martinet sert dans son sens primaire,
comme sanction pour un écartement du bon chemin.
Je ne suis pas contre le fait d'inclure
dans la discipline domestique quelques éléments fantaisistes,
pourvu qu'il n'y ai pas rapport avec la douleur ou la contrainte,
pour faire plaisir au monsieur. Au contraire, je pense que le but de
cette pratique est justement d'être mutuellement au petits soins
pour son partenaire. Alors – petit élément sexy – mon chéri
aime parfois me voir toute nue à table en face de lui pendant notre
premier petit déjeuner, très tôt le matin. En me disant que cela
va à la merveille avec un mode de vie bio. Là je trouve qu’il
exagère un peu. Mais il a une façon d'argumenter qui me fait rire.
Donc en été ou quand la maison est super bien chauffée, pourquoi
pas. Sans que cela devienne une obligation non plus. Parce que moi,
j’aime passer à table toute pomponnée. Nous prenons le temps. Je
parle beaucoup. Monsieur m’écoute. Il m’écoute vraiment. Il
s’intéresse à mes réflexions. Il revient à ce que j’avais dit
un autre jour et me fait part de ses idées sur le sujet.
Monsieur regarde la table que je viens
de préparer.
Il
manque le martinet, isabelle !
Tiens. Je m’en doutais. A la base
l’idée ne vient pas de lui. C’est un de ces amis de longue date
qui lui a sifflé le truc. En racontant des anecdotes des années 60
dans une campagne française. J'ai aussitôt vu comme cela faisait
tilt dans la tête de mon chéri. Ses yeux étaient tellement
pétillants. Je pense que le monde des fantasmes n’est pas
forcement d’une rigidité de toute épreuve qui reproduit toujours
la même histoire. C’est comme pour le reste. Il y a des adeptes du
« crac-crac boum-boum » et il y a ceux qui sont
imaginatifs et évoluent au fil de leur découvertes.
Après cette mémorable soirée, nous
avons eu assez souvent le martinet comme compagnie à table. Et cela
nous arrive encore de temps en temps. Quand Monsieur a besoin
de calme. Notamment, parce qu’il a un truc important à faire. On
s’y habitue. J’aime beaucoup cette ambiance « interdiction
de parler à table » et devoir écouter le « chef de la
famille ». (Car d'habitude c'est moi qui blablate.) C’est
rétro à bloc et coïncide merveilleusement avec certains de mes
fantasmes d’adolescente. Il m’arrivait même de jouer avec les
lanières en écoutant.
Ne touche pas
au martinet, isabelle !
Oh
pardon, mon chéri.
Monsieur adore mon rire. Et il a le
sens de l’humour. Et moi, ce que j’aime en mon homme, c’est son
sens de détail. De son soucis de récréer une authentique ambiance
d’antan. Sans m’infantiliser et en transposant le cadre de la DD
sur un niveau d’adulte. C’est à s’y croire. Avec lui la fessée
punitive se glisse dans l’univers d’adulte comme une pratique de
plus naturelle qui fait intégralement partie de la vie.
Un jour je me suis amusée de faire une
petite tresse avec les lanières du martinet. Pendant que Monsieur
recevait un long coup de fil. J’ai reçu une bonne fessée pour mon
manque de sérieux et après avoir dû défaire mon œuvre d’art.
Pas bien méchante la fessée. Mais très sonore et brûlante pour me
faire réfléchir. En guise d’avertissement de ne plus recommencer.
Dans des telles situations je me sens plus proche d’une taquinerie
que de la punition pour « vraie faute ». Et, cadre vielle
France oblige, j’ai dû passer un petit moment au coin. Du
romantisme ? A mes yeux oui !