5.1 Jour de courses
Depuis que Lucie avait aménagé chez
Nadège ses désirs inavouables avaient encore subi une nouvelle
modification qui la ravissait au point de se féliciter de son choix.
La fessée réelle s’avéra toute autre que celle de ses rêves.
D’abord cela faisait terriblement mal au point qu’elle éclata à
chaque fois en sanglots sur les genoux à Nadège. En hurlant de
douleur et de rage, elle se débattait et trépignait dans l’air
comme si elle accomplissant une danse rituelle. La folle chevauché
lui fit perdre infailliblement son arrogance et ses allures blasés
et faussement héroïques. Elle n’aurait jamais soupçonné que sa
résistance s’effriterait si facilement pour livrer un spectacle
aussi grotesque et indigne d’une fille qui aimait se voir en
révolutionnaire indomptable. Bientôt elle se sentait toute petite
devant sa tutrice et un petit geste de Nadège en direction du
martinet accroché en évidence suffisait pour rappeler Lucie à
l’ordre.
Par conséquence elle passa beaucoup de
son temps à une totale remise en question de sa personne. Il était
facile de jouer à la meneuse de révolte quand il n’y avait aucune
sanction qui plane et quand on ne courait aucun risque pour ses
fesses. Elle regretta ses moqueries envers les autres filles, livrées
à d'aussi strictes éducations qu'elle. Elle se rendit compte aussi
que l’excitation dans ce jeu concernait moins l’état d’esprit
ringard de ces filles que l’imagination des modalités et détails
intimes qui causèrent la rougeur de leurs séants. Avec comme comble
de trouble de pouvoir assister à d'autres séances punitives comme
celle espionnée au supermarché.
Devenir soi-même une victime de
l’éducation anglaise l’avait tentée, fascinée et poussée à
commettre l’imprudence de s’abandonner de son propre gré dans
les griffes de la pire des tutrices du village. Comme si elle voulait
se prouver et en même temps à toutes les autres filles qu’elle
possédait des facultés hors de commun.
La
vraie révolte consiste à m’affirmer malgré un risque,
pensa-t-elle souvent pour s’encourager
avant une punition. Mais au cours de chaque châtiment vint vite le
point où elle fit face à la surestimation de sa propre nature en se
demandant qui était cette Lucie qui suppliait sa tutrice de tout son
cœur d’arrêter la déculottée, en essayant de la corrompre par
des promesses de fille sage ou modèle.
Bientôt, quand elle devait remercier
Nadège après une punition, elle manquait de moins en moins de
conviction. Étrangement par le biais de la fessée elle eut de
nombreux éclaircissement sur sa propre personne et sur son mode de
fonctionnement. Dans ce sens les cuisantes expériences portèrent
leurs fruits au grand étonnement de Lucie. Mais ce qui lui fit le
plus grand bien, c’était une découverte une inespérée :
Ses fantasmes de se voir corrigée
disparurent à vitesse grand V. Elle se sentait de plus un plus
délivrée de sa harcelante passion qui lui avait dictée sa vie
pendant des mois. Elle avait l’impression d’expier son inavouable
secret en toute discrétion, chasser de son esprit la fessée par la
fessée et retrouver ainsi la raison. Elle approuva les mesures
éducatives de Nadège y compris qu’elle l’a traitait comme une
insolente gamine en lui imposant d'humiliants exercices de modestie.
Et surtout cette envie de se caresser en imaginant de vilaines choses
se fit comme par enchantement de plus en plus rare
Je
vais enfin pouvoir tourner la page.
Crut-elle au moins, naïvement, avant
de retourner sur le lieu du « crime ».
Le jour des courses marque la première
sortie de sa consigne. La matinée débute à peine et Lucie n’est
pas mécontente car il y aucun risque de se faire repérer par ses
copines qui dorment encore. Ah, la vertu des se lever tôt ! Le
soleil, est-il aussi radieux à cause de la tenue endimanchée que
Nadège avait vantée comme un chic indémodable pour jeunes filles
sages ?
Lucie se demande où sa tutrice a pu
trouver cette jupe plissée a carreaux écossais, le chemisier blanc
cintré avec la petite cravate noire. Elle a dû dévaliser un
antiquaire. Quand aux chaussettes longues et souliers vernis, elle
sait bien que le ridicule ne tu pas. Par contre il attire les regards
et des commentaires joviaux. Par conséquence au magasin Lucie se
voit exposée à des compliments douteux :
Méconnaissable
cette fille … Comme tes nouvelles allures te vont bien, ma
chérie…tu as fait un excellant choix avec Nadège…
A suivre...
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