jeudi 2 avril 2015

681 Mémoires d'une éducation sévère 9


5.1 Jour de courses

Depuis que Lucie avait aménagé chez Nadège ses désirs inavouables avaient encore subi une nouvelle modification qui la ravissait au point de se féliciter de son choix. La fessée réelle s’avéra toute autre que celle de ses rêves. D’abord cela faisait terriblement mal au point qu’elle éclata à chaque fois en sanglots sur les genoux à Nadège. En hurlant de douleur et de rage, elle se débattait et trépignait dans l’air comme si elle accomplissant une danse rituelle. La folle chevauché lui fit perdre infailliblement son arrogance et ses allures blasés et faussement héroïques. Elle n’aurait jamais soupçonné que sa résistance s’effriterait si facilement pour livrer un spectacle aussi grotesque et indigne d’une fille qui aimait se voir en révolutionnaire indomptable. Bientôt elle se sentait toute petite devant sa tutrice et un petit geste de Nadège en direction du martinet accroché en évidence suffisait pour rappeler Lucie à l’ordre.

Par conséquence elle passa beaucoup de son temps à une totale remise en question de sa personne. Il était facile de jouer à la meneuse de révolte quand il n’y avait aucune sanction qui plane et quand on ne courait aucun risque pour ses fesses. Elle regretta ses moqueries envers les autres filles, livrées à d'aussi strictes éducations qu'elle. Elle se rendit compte aussi que l’excitation dans ce jeu concernait moins l’état d’esprit ringard de ces filles que l’imagination des modalités et détails intimes qui causèrent la rougeur de leurs séants. Avec comme comble de trouble de pouvoir assister à d'autres séances punitives comme celle espionnée au supermarché.

Devenir soi-même une victime de l’éducation anglaise l’avait tentée, fascinée et poussée à commettre l’imprudence de s’abandonner de son propre gré dans les griffes de la pire des tutrices du village. Comme si elle voulait se prouver et en même temps à toutes les autres filles qu’elle possédait des facultés hors de commun.

La vraie révolte consiste à m’affirmer malgré un risque,

pensa-t-elle souvent pour s’encourager avant une punition. Mais au cours de chaque châtiment vint vite le point où elle fit face à la surestimation de sa propre nature en se demandant qui était cette Lucie qui suppliait sa tutrice de tout son cœur d’arrêter la déculottée, en essayant de la corrompre par des promesses de fille sage ou modèle.

Bientôt, quand elle devait remercier Nadège après une punition, elle manquait de moins en moins de conviction. Étrangement par le biais de la fessée elle eut de nombreux éclaircissement sur sa propre personne et sur son mode de fonctionnement. Dans ce sens les cuisantes expériences portèrent leurs fruits au grand étonnement de Lucie. Mais ce qui lui fit le plus grand bien, c’était une découverte une inespérée :

Ses fantasmes de se voir corrigée disparurent à vitesse grand V. Elle se sentait de plus un plus délivrée de sa harcelante passion qui lui avait dictée sa vie pendant des mois. Elle avait l’impression d’expier son inavouable secret en toute discrétion, chasser de son esprit la fessée par la fessée et retrouver ainsi la raison. Elle approuva les mesures éducatives de Nadège y compris qu’elle l’a traitait comme une insolente gamine en lui imposant d'humiliants exercices de modestie. Et surtout cette envie de se caresser en imaginant de vilaines choses se fit comme par enchantement de plus en plus rare

Je vais enfin pouvoir tourner la page.

Crut-elle au moins, naïvement, avant de retourner sur le lieu du « crime ».

Le jour des courses marque la première sortie de sa consigne. La matinée débute à peine et Lucie n’est pas mécontente car il y aucun risque de se faire repérer par ses copines qui dorment encore. Ah, la vertu des se lever tôt ! Le soleil, est-il aussi radieux à cause de la tenue endimanchée que Nadège avait vantée comme un chic indémodable pour jeunes filles sages ?

Lucie se demande où sa tutrice a pu trouver cette jupe plissée a carreaux écossais, le chemisier blanc cintré avec la petite cravate noire. Elle a dû dévaliser un antiquaire. Quand aux chaussettes longues et souliers vernis, elle sait bien que le ridicule ne tu pas. Par contre il attire les regards et des commentaires joviaux. Par conséquence au magasin Lucie se voit exposée à des compliments douteux :

Méconnaissable cette fille … Comme tes nouvelles allures te vont bien, ma chérie…tu as fait un excellant choix avec Nadège…

A suivre...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire