Un
joli fantasme charnière !
J'aime quand on me raconte des rêveries
érotiques. En voici une de mon homme qui date de son adolescence. A
cette époque dans l’immeuble où il habitait avec ses parents,
vivait une fille de son âge avec un air fort imbue de sa petite
personne. Évidement il fut attirée par les charmes de la
demoiselle, mais hélas elle resta distante. Alors sous la couette,
il l'imagina s'en prendre de bonnes fessées de la part de sa mère,
une dame aux allures fort austères. En l'écoutant j'ai failli
éclater de rire tellement son histoire ressemblait à une sorte de
conte de fée. Il n'aurait que manqué l'élan héroïque de mon
chéri pour libérer une jolie princesses de griffes d'une terrible
marâtre. Car en fait - tant qu'on y est - cette dernière avait
strictement interdit à la jeune princesse de parler au princes.
C'était donc bien un fantasme charnière entre l'enfance et
adolescence.
Situons un peu plus le contexte. La
rêverie de mon homme date d'une époque où la fessée avait encore
cours dans bien de familles. Elle avait déjà perdu son innocence
pour un ado qui savait très bien comprendre que ce châtiment
comportait une autre dimension que purement disciplinaire.
La
fessée car appliquée « cul nu » ne manque pas
d'émoustiller la curiosité sexuelle et le sens voyeuriste.
Puis la nudité n'était pas encore
omniprésente comme de nos jours. Dénuder un fessier était un
événement exceptionnel. Puis quand un adulte faisait une allusion à
la fessée ou la promettait ouvertement, il ne s'agissait rarement
d'une plaisanterie. A ce propos mon homme, quelques années avant,
avait été témoin d'une menacé de fessée envers la jolie
demoiselle par sa mère. Ce qui n'a pas manqué de marquer son
imaginaire. Notons aussi que mon homme savait très bien par
l'expérience sur ses propres fesses de quoi il s’agissait.
Les fantasmes de l'adolescence sont
intéressantes sur bien de points de vue, notamment parce qu'ils ils
subissent un processus d’adaptation à la réalité. Voyons cela
d'un peu plus près. Les enfant sont peu soucieux du côté
réalisable de leurs rêveries. Cela ne veut pas dire qu'il manquent
un sens de réalité. Ils sont bien conscients qu'il s'agit d'une
rêverie et rien d'autre et ce qui compte c'est le plaisir qu'ils en
tirent. L'ado par contre se trouve devant les impératifs de la
nature qui lui impose (ou du moins lui suggère avec ténacité) de
satisfaire ses pulsions pour de vrai. Voila qui implique d'adapter
l'imaginaire excitant aux conventions du monde qui nous entoure.
C'est la question du réalisable qui se pose. La rêverie est vu et
revu pour lui donner une forme fantasmatiquement correct. Ce dernier
n'est pas une vérité ou valeur immuable (d'où l'absurdité de la
question de la normalité), mais rien d'autre qu'une convention
sociale qui dépend de l'air du temps. Pour cette raison quand on
écoute un adulte parler des ses fantasmes, nous sommes généralement
en face d'un produit trafiqué qui se tient loin de ses premières
formulations bien plus osées.